Le département d'Eure-et-LOIR a été crée en 1790 à partir de territoires de l'Orléanais, d'Ile-de-France et du Maine. Il tire son nom de deux rivières appartenant à deux grands bassins versants différents : le bassin versant de la Seine pour l'Eure, et celui de la Loire pour le long affluent de la Sarthe qu'est le Loir. Au coeur de la vaste plaine de la Beauce, souvent présentée comme le grenier à blé de la France, la cathédrale de Chartres est observable à plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde. Seul l'ouest se différencie des paysages d'openfield (champs ouverts) beaucerons avec les forêts du Thymerais et du Perche.

 

 

- LE CHATEAU D'ANET -

 

Diane de Poitiers était une favorite très influente auprès du roi Henri II, dont elle était l'ainée de vingt ans. Elle est décédée en 1566 dans son château d'Anet, merveille d'architecture Renaissance, vandalisé pendant la Révolution. Son tombeau fut alors visité, mais, en mai 2010, ses ossements ont été replacés à leur place initiale.

 

 

- DU COTE DE CHEZ PROUST -

 

Dans son cycle romanesque à la recherche du temps perdu, Marcel Proust décrit la petite ville d'Illiers sous le nom de Combray. La ville où l'auteur passa une partie de sa jeunesse prit en 1971 le nom d'Illiers-Combray.
Le Beauce a aussi été le cadre d'un célèbre roman d'Emile Zola : "La Terre".

 

 

- LE CANAL LOUIS XIV -

 

Pour alimenter les jets d'eau du parc du château de Versailles, et plus largement la ville qui est alors en pleine expansion, Louis XIV fit appel à Louvois et Vauban pour réaliser le canal de l'Eure. Long de 80 km, il s'ajoute à d'autres réalisations insuffisantes comme la machine de Marly. Ce ruineux projet visant à détourner les eaux de l'Eure à partir de l'écluse de Boizard à Pontgouin fut finalement abandonné en 1690. Parmi ses nombreux vestiges l'aqueduc inachevé de Maintenon long de près de 1 km, est sans nul doute le plus impressionnant avec ses 47 arcades (les deuxième et troisième niveaux jamais construits devaient en compter bien plus) qui dominent encore aujourd'hui les jardins du château de Maintenon.

 

 

- LA CATHEDRALE DE CHARTRES ET LE SACRE D'HENRI IV -

 

La cathédrale de Chartres est notamment remarquable par ses vitraux, qui ne représentent pas uniquement des scènes religieuses. Quarante-deux verrières ont été offertes par des marchands et les artisans de la ville. Elles forment un tableau des différents métiers au XIIIe siècle et montrent l'attachement des habitants à cette cathédrale. Elle possède également la particularité  d'avoir accueilli le sacre d'Henri IV, à la mort d'Henri III, son cousin protestant Henri de Navarre est devenu le prétendant au trône, mais la région de Reims, lieu traditionnel du sacre des rois de France, est tenue par la famille de Guise, ses ennemis catholiques.

 

 

- LA MYTHIQUE FORET DES CARNUTES -

 

Les Carnutes étaient un peuple gaulois qui vivait dans la Beauce, d'Autricum (Chartres) à Cenabum (Orléans). Ils sont connus à tort ou à raison, pour avoir réuni chaque année les druides de l'ensemble des peuples gaulois dans la forêt des Carnutes.

 

 

Texte extrait du livre : La France -Géographie Curieuse et Insolite.

 

 

 

L'hirondelle au printemps cherche les vieilles tours

 

L'hirondelle au printemps cherche les vieilles tours,
 Débris où n'est plus l'homme, où la vie est toujours ;
 La fauvette en avril cherche, ô ma bien-aimée,
 La forêt sombre et fraîche et l'épaisse ramée,
 La mousse, et, dans les noeuds des branches, les doux toits
 Qu'en se superposant font les feuilles des bois.
 Ainsi fait l'oiseau. Nous, nous cherchons, dans la ville,
 Le coin désert, l'abri solitaire et tranquille,
 Le seuil qui n'a pas d'yeux obliques et méchants,
 La rue où les volets sont fermés ; dans les champs,
 Nous cherchons le sentier du pâtre et du poète ;
 Dans les bois, la clairière inconnue et muette
 Où le silence éteint les bruits lointains et sourds.
 L'oiseau cache son nid, nous cachons nos amours.

 

Victor Hugo

 

Ces deux  itinéraires dans le Pays de Caux présentent un double avantage : ils se partagent entre les côtes de la Manche, d'où l'on domine la mer dans des sites parfois uniques au monde, avant de descendre dans chaque valleuse  - ancienne vallée débouchant au-dessus du niveau de la mer suite au recul de la falaise -  à la découverte d'un village, d'un port, d'une station balnéaire, et l'arrière pays, campagne riche en cultures et en élevage, où se succèdent une pléiade d'églises et de châteaux.

 

- DIEPPE -

 

Charmante station balnéaire : voir les églises Saint-Jacques (XIIIe s.), avec une magnifique décoration gothique flamboyant, et Saint-Rémy, d'architecture flamboyante avec une façade classique du XVIe s.  et le château, du XV e s., appareillé en silex et en grès. A l'intérieur, un musée présente des peintures françaises et des objets en ivoire... Du belvédère de N.D-de-Bon-Secours, une vue sur la ville et les installations portuaires.

 

- EU -

 

Dans la vallée de la Bresle, possède l'une des plus belles églises de style gothique normand (XIIIe s.), la collégiale Saint-Laurent. Dans la crypte (XIIe s.) voir les gisants des comtes d'Eu (XIVe s - XVe s.). Le château, construit en 1578, restauré et décoré par Viollet-le-Duc de 1874 à 1879, a une façade en brique et en pierre ; son parc a été dessiné par Le Nôtre. Il abrite le musée Louis-Philippe, qui évoque le souvenir de la famille d'Orléans.

 

- NEUFCHATEL-EN-BRAY -

 

L'église Notre-Dame a un choeur du XIIIe s., nef, façade et clocher sont du XVIe s. Au musée Mathon, situé dans une maison de brique à colombage, une collection d'art régional évoque les traditions normandes du passé.. Ne pas oublier de déguster le fromage de la région : le neufchâtel.

 

- MESNIERES-EN-BRAY -

 

Fleuron de l’architecture Renaissance, vous pourrez alors découvrir ses fabuleux trésors. La galerie des cerfs où le marquis de Mesnières fit sculpter sept cerfs. La salle des quatre tambours qui autrefois était un salon de musique. La salle des cartes avec ses peintures du 19ème siècle…Vous pourrez aussi visiter les parties restaurer du Château car celui-ci a subi un grave incendie le 20 février 2004 mais la restauration a été faite et le Château à retrouvé pratiquement toutes ses charpentes qui ont été reconstruites à l'identique.... Notre cadre verdoyant et calme sera vous séduire, vous pourrez découvrir de jolis jardins à la française entretenus par le lycée professionnel horticole et forestier.

 

- ARQUES-LA-BATAILLE -

 

Qui doit son surnom à une victoire remportée par Henri IV, a conservé les  ruines d'un énorme château fort du XIIe s. L'église Notre-Dame, construite au XVIe s. dans le style flamboyant, a un clocher du XVIIe s. et les bâtiments conventuels du XVIIe s.

 

Texte extrait du livre : La France des Routes Tranquilles

 

 

Alfred Stevens, né le 11 mai 1823 à Bruxelles et mort le 29 août 1906 à Paris, est un peintre belge.

Fils du bruxellois Léopold Jean-François Stevens (1791-1834), marchand de tableaux, Alfred Émile Stevens est né à Bruxelles où il est formé par François-Joseph Navez, un disciple de Jacques-Louis David. Il est le frère du peintre Joseph Stevens et le père du peintre Léopold Stevens.

 

 

Il est actif principalement à Paris où il s’installe en 1844. Il commence par peindre des sujets reflétant la vie misérable des basses classes de Paris.
 Son tableau, Ce que l’on appelle "vagabondage" attire l’attention de Napoléon III lors de l’exposition universelle de 1855 et pousse celui-ci à revoir la façon dont son armée arrête les vagabonds, au bénéfice de l’image de l’armée plutôt qu’à celui des vagabonds cependant.

 

 Pendant un temps, sous l'influence d'Eugène Delacroix, il aborde des thèmes historiques et orientalistes.

 À partir de 1860, il change de sujet et il connaît un énorme succès grâce à ses tableaux de jeunes femmes habillées à la dernière mode posant dans des intérieurs élégants : ses scènes d'intérieur bourgeois le rapprochent de Henri Gervex. Il est surnommé le Gerard Terborch français, en hommage son talent à rendre les détails et les étoffes somptueuses.

 

 Il fait un triomphe à l'Exposition universelle de Paris de 1867 où il reçoit la Légion d'honneur. Il est autant à l’aise à la cour impériale de Napoléon III et dans la haute société que dans les milieux artistiques et bohèmes de la capitale. C'est un ami intime de Manet, à qui il présente le marchand de tableaux Paul Durand-Ruel, et de son cercle de relations : Degas, Morisot, Baudelaire et Eugène Delacroix qui le cite dans son journal du 13 mars 1855 pour le prêt d'une tunique turque.

 

 Il influence James Whistler avec il partage un enthousiasme pour les estampes japonaises. Il peint aussi des marines et des scènes côtières dans un style plus libre, presque impressionniste, proche d'Eugène Boudin ou de Johan Barthold Jongkind.
 Vers la fin de sa vie, son style n’est pas sans similitude avec celui de son contemporain John Singer Sargent.
 Il publie en 1886 « Impressions sur la peinture », qui connaît un grand succès.

 

C'est, en 1900, le premier artiste vivant à obtenir une exposition individuelle à l’École des beaux-arts de Paris.
 Il arrête de peindre à partir des années 1890 suite à des problèmes de santé et il meurt à Paris en 1906.
 Ses tableaux ont été très populaires jusqu'en Amérique, où les tout-puissants Vanderbilt aux États-Unis en achetèrent plusieurs. La plupart restèrent cependant en France et en Belgique

 

 

 

 

 

 

« Je suis venu appeler…les pécheurs, pour qu’ils se convertissent »

 

      Dieu m’a montré un seigneur assis solennellement dans la paix et le repos ; avec douceur il a envoyé son serviteur accomplir sa volonté. Le serviteur a couru en grande hâte, par amour ; mais voilà qu’il est tombé dans un ravin et s’est blessé gravement… Dans ce serviteur, Dieu m’a montré le mal et l’aveuglement provoqués par la chute d’Adam ; et dans ce même serviteur la sagesse et la bonté du Fils de Dieu. Dans le seigneur, Dieu m’a montré sa compassion et sa pitié pour le malheur d’Adam, et dans ce même seigneur la haute noblesse et la gloire infinie à laquelle l’humanité est élevée par la Passion et la mort du Fils de Dieu. C’est pourquoi notre Seigneur se réjouit beaucoup de sa propre chute [dans ce monde et dans sa Passion], à cause de l’exaltation et de la plénitude de bonheur auxquelles parvient le genre humain, surpassant certainement celui que nous aurions eu si Adam n’était pas tombé…

 

      Ainsi nous avons une raison de nous affliger, car notre péché est la cause des souffrances du Christ, et nous avons constamment une raison de nous réjouir, car c’est son amour infini qui l’a fait souffrir… S’il arrive que par aveuglement et faiblesse nous tombions, alors relevons-nous promptement, sous le doux toucher de la grâce. De toute notre volonté corrigeons-nous en suivant l’enseignement de la sainte Église, selon la gravité du péché. Avançons vers Dieu dans l’amour ; ne nous laissons jamais aller au désespoir, mais ne soyons pas trop téméraires, comme si cela n’avait pas d’importance. Reconnaissons franchement notre faiblesse, sachant que, à moins que la grâce ne nous garde, nous ne tiendrons pas le temps d’un clin d’œil…

      Il est légitime que notre Seigneur désire que nous nous accusions et que nous reconnaissions, loyalement et en vérité, notre chute et tout le mal qui s’ensuit, conscients que nous ne pourrons jamais les réparer. Il veut en même temps que nous reconnaissions, loyalement et en vérité, l’amour éternel qu’il a pour nous et l’abondance de sa miséricorde. Voir et connaître l’un et l’autre ensemble par sa grâce, voilà l’humble confession que notre Seigneur attend de nous et qui est son œuvre dans notre âme.

Julienne de Norwich (1342-après 1416), recluse anglaise
 Révélations de l'amour divin

 

L'architecte Charles Garnier a doté la principauté de Monaco d'un grand opéra achevé en 1888, réplique de celui de Paris, cadre idéal de toutes les manifestations festives de la principauté, des soirées de gala et des spectacles de danse et d'art lyrique où se produisent les artistes les plus prestigieux

 

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Le nouveau paradis du tourisme.

 

De même bien avant la Première Guerre mondiale, toute l'aristocratie russe vient rechercher l'agrément des hivers cléments entre Cannes et Menton. De nombreux boyards chassés par la révolution de 1917, s'y fixent ensuite définitivement. Le quartier Saint-Philippe de Nice devient pour cette raison le "quartier russe" autour de sa cathédrale orthodoxe Saint-Nicolas, dont les coupoles bulbeuses rappellent celles de Saint-Basile-le-Bienheureux à Moscou.

 

 Cet afflux de têtes couronnées et de touristes richissimes font ruisseler une pluie d'or sur toute la Côte d'Azur, suscite la construction de nombreux hôtels de luxe

et de somptueuses villas,

encourage les manifestations festives, attire les artistes et oisifs fortunés, qui dépensent leur fortune dans les salons des palaces et sur les tapis verts des casinos.

 

La cathédrale orthodoxe Saint-Nicolas, inspirée de la basilique de Saint-Basile-le-Bienheureux de Moscou, la plus grande construite dans le monde hors du territoire de la Russie, rappelle l'importance de la colonie russe implantée dans la région de Nice au début de XXe siècle.

 

Texte extrait du livre : COTE D'AZUR

 

 

Une seule espèce du genre "Sténocarpus" se cultive à l'intérieur : Sinuatus. Placée dans un pot ou un bas, cette plante ne dépasse pas 1,80 m de haut. Comme elle se ramifie peu naturellement, il est nécessaire de pincer le bourgeon terminal de la tige principale pour obtenir un sujet plus touffu. Dans son milieu naturel, mais non en appartement, elle produit de belles fleurs rouge vif qui sont réunies en ombrelles.

 

 

Les feuilles alternes des sténocarpus sont profondément lobées. Elles peuvent atteindre 45 cm sur 20. Les lobes opposés sont disposés de part et d'autre de la nervure médiane qui est très marquée, la feuille se termine par un lobe unique.

 

 

 Chez "Sinuatus" et ses variétés, le feuillage est brillant, vert clair sur le dessus et teinté de rouge sur le dessous. Les nervures médianes sont d'un vert plus clair, de même que les pétioles qui mesurent de 2 à 8 cm. Les feuilles qui viennent de s'ouvrir restent couleur bronze pendant une à deux semaines.

 

 

 

A la rencontre de plusieurs régions naturelles, que sont la Beauce au nord-ouest, le Gâtinais au nord-est, et la Sologne au sud, le Loiret est un département de plaine issu de l'ancienne province de l'Orléanais. Il tire son nom d'un très court affluent de la Loire, dont une partie des eaux infiltrées sous terre rejaillit à la source du Loiret, résurgence située dans le quartier de la Source à Orléans. La Loire traverse le département d'est en ouest passant successivement au pied des châteaux de Gien, de Sully, de Châteauneuf et de Beaugency. Son bassin est relié à celui de la Seine grâce au canal du Loing, qui porte le nom de la rivière traversant Montargis.

 

 

- LA PRALINE DE MONTARGIS -

 

Baptisée d'après le nom du comte de Plessis-Pralin (Choiseul), la "prasline" aurait été inventée par le chef cuisinier de ce maréchal de France du XVIIe siècle. Confiserie de couleur brune à base d'amande et de sucre, la praline fut ensuite produite dans l'établissement fondé par ce même chef à Montargis : la Maison de la Prasline. Depuis lors, la recette s'est transmise entre les tenanciers successifs, et la tradition perpétuée...

 

 

- LE DESTIN BRISE DE L'AEROTRAIN -

 

Au nord d'Orléans, le long de la route de Paris, il est difficile de ne pas remarquer le rail de béton long de 18 km qui a servi de voie d'essai à l'Aérotrain dans les années 1970. Ce train sur coussin d'air futuriste, invention du français Jean Bertin, aurait pi permettre de relier Orléans à la capitale en à peine plus de vingt minutes. Mais les choix politiques favorisèrent le TGV, dont les rails sont sans doute moins inesthétiques. Jean Bertin décéda en 1975, meurtri par l'abandon de l'Aérotrain, dont le dernier modèle a mystérieusement été incendié en 1992...

 

 

- LE PONT-CANAL DE BRIARE -

 

Construit à la fin du XIXe siècle entre Briare et Saint-Firmin-sur-Loire, dans le sud-est du Loiret, le pont-canal de Briare est un  pont qui enjambe la Loire. Orné de colonnes et de lampadaires, cet élégant ouvrage long de 662 m  - jusqu'en 2003 il était encore le plus long d'Europe -  a été franchi pour la première fois en 1896. La population locale vit au départ cette construction d'un mauvais oeil, soupçonnant son remplissage d'être à l'origine d'inondation, si bien que personne n'osa venir l'inaugurer officiellement...

 

 

- LA CHUTE DU TRAIN DE PAUL DESCHANEL -

 

Dans la nuit du 23 mai 1920, un cheminot travaillant non loin de Mignerette, dans le nord du Loiret, voit un individu s'approcher de lui. Ensanglanté bien que ne souffrant pas de blessures sévères, vêtu d'un pyjama, celui-ci se présente de manière surprenante : il prétend être le président de la République. Bien qu'il y ait de quoi être dubitatif, il s'agit bien du président Paul Deschanel. Semble-t-il mal réveillé et sous l'effet de médicaments, celui-ci a chuté après s'être penché par la fenêtre. Grâce aux cheminots qui le soignent et avertissent les autorités, la France n'aura égaré son président que le temps d'une nuit...

 

 

Texte extrait du livre : La France -Géographie Curieuse et Insolite.

 

 

Le chat

 I

 Dans ma cervelle se promène,
 Ainsi qu'en son appartement,
 Un beau chat, fort, doux et charmant.
 Quand il miaule, on l'entend à peine,

 Tant son timbre est tendre et discret ;
 Mais que sa voix s'apaise ou gronde,
 Elle est toujours riche et profonde,
 C'est là son charme et son secret.

 Cette voix, qui perle et qui filtre,
 Dans mon fonds le plus ténébreux,
 Me remplit comme un vers nombreux
 Et me réjouit comme un philtre.

 Elle endort les plus cruels maux
 Et contient toutes les extases ;
 Pour dire les plus longues phrases,
 Elle n'a pas besoin de mots.

 Non, il n'est pas d'archet qui morde
 Sur mon cœur, parfait instrument,
 Et fasse plus royalement
 Chanter sa plus vibrante corde,

 Que ta voix, chat mystérieux,
 Chat séraphique, chat étrange,
 En qui tout est, comme en un ange,
 Aussi subtil qu'harmonieux !

 II

 De sa fourrure blonde et brune
 Sort un parfum si doux, qu'un soir
 J'en fus embaumé, pour l'avoir
 Caressée une fois, rien qu'une.

 C'est l'esprit familier du lieu ;
 Il juge, il préside, il inspire
 Toutes choses dans son empire ;
 Peut-être est-il fée, est-il dieu ?

 Quand mes yeux, vers ce chat que j'aime
 Tirés comme par un aimant,
 Se retournent docilement
 Et que je regarde en moi-même,

 Je vois avec étonnement
 Le feu de ses prunelles pâles,
 Clairs fanaux, vivantes opales,
 Qui me contemplent fixement.

 

Charles Baudelaire, Les fleurs du Mal