A une cinquantaine de kilomètres au sud du Caire, là où le Nil, cantonné de montagnes basses et plissées, décrit une anse étroite, le tourisme ne date pas d'hier. Et avec lui l'irrépressible désir qu'ont les visiteurs de laisser une trace de leur passage sur les monuments et les oeuvres d'art.
A Thèbes, capitale de l'Egypte au Nouvel Empire (1550-1069), les graffitis des touristes font partie intégrante de son histoire. Les premiers visiteurs de l'époque ptolémaïque sont les voyageurs grecs et romains. Sur les parois des tombes des pharaons dans la vallée des Rois, ils ne laissent pas moins de 2 000 graffitis, auxquels s'ajoutent des inscriptions en phénicien, en chypriote, en lycien et en copte. Ces témoignages rappellent que la grandeur de l'Egypte est déjà légendaire avant le début de l'ère chrétienne.

Les historiens grecs classiques, Strabon et Diodore de Sicile, suivis par le Romain Pausanias, décrivent Thèbes - Waset pour les Egyptiens- comme une cité dotée de merveilles incroyables : c'est pourquoi les habitants fortunés de l'autre rive de la Méditerranée s'aventurent en terre égyptienne pour découvrir les temples magnifiques, les impressionnants colosses de Memnon ainsi que l'immense nécropole des Rois. Pour Diodore, "les tombes n'ont laissé aucune opportunité à la postérité de créer rien de plus beau".

De nos jours, Louqsor - la cité née sur la rive gauche du Nil à l'emplacement de l'ancienne capitale et dans une zone habitée depuis au moins 250 000 ans - est considérée comme le plus extraordinaire musée à ciel ouvert au monde.
A quelques kilomètres au nord de la cité moderne, s'élève le temple d'Amon-Ré à Karnak, consacré au dieu du Soleil, l'un des plus vénérés de l'Egypte ancienne. Bâti vers 1900 av.J.C. par un pharaon du Moyen Empire, Sénostris 1er (XIIe dynastie), cet édifice a connu d'incessantes restructurations jusqu'au IVe siècle ap.J.C.. Chaque pharaon a voulu laisser son empreinte, car le temple d'Amon-Ré reflète la conception, que les anciens Egyptiens ont du monde. Celui-ci est disposé sur deux axes, l'un, est-ouest, marque le parcours du soleil, symbole de la nature divine des phénomènes, l'autre, nord-sud, est parallèle au cours du Nil, lié au territoire et à la fonction royale qui voit dans le pharaon la fusion d'éléments divins et humains capable d'assurer la prospérité éternelle du royaume.

Plus au sud, au coeur même de la cité, sur la rive orientale du Nil, se dresse le temple de Louqsor érigé sous le règne d'Aménophis III(1387-1350 av.J.C.) relié au premier temple par une longue voie processionnelle dallée et cantonnée de sphinx, "le dromos" dont un tronçon est visible devant le temple.

Sa construction, contemporaine du temple, s'achève sous le règne de Ramsès. D'après les témoignages des papyrus, le grand temple de Karnak n'abrite pas moins de 20 000 prêtres consacrés au culte d'Amon.

Une fois par an, à l'occasion de la "belle fête d'Opet", la statue d'Amon est transportée en procession jusqu'au temple de Louqsor sur un simulacre de barque en bois doré.

Dans Thèbes-Ouest, Aménophis III (1387-1350) fait aménager non seulement son temple funéraire et son tombeau, mais aussi son palais au bord d'un lac artificiel relié au Nil par un canal. Comme les autres types d'habitat égyptien, le palais construit en briques de boue - raison pour laquelle de nombreux édifices ont disparu - doit abriter, outre le roi, son épouse Tiy et ses 317 concubines hittites reçues en cadeau de noces lors de son mariage avec une princesse de ce royaume.
Malkata, le nom arabe du palais, est aussi le siège de l'administration, non loin de là, un village c'est développé pour les serviteurs et les artisans oeuvrant pour le pharaon.

A quelque 1 500 mètres, les colosses de Memnon, deux statues monolithiques en grès figurant Aménophis III (hauteur 17 mètres, poids : 1 000 tonnes) marquent l'entrée de l'emplacement originel du temple funéraire du pharaon.

Là au pied de la falaise calcaire de Deir el-Bahari et derrière ce premier temple monumental, sont alignés 14 "temples des millions d'années", temples funéraires d'autant de pharaons, dont Ramsès II, Aménophis II et Séthi 1er, pour ne citer que les plus célèbres. Ces édifices doivent se conserver pour l'éternité afin que les rois ne soient pas oubliés par leurs sujets.

Texte extrait du livre : Les plus beaux sites du patrimoine mondial de l'Unesco.

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