Les épis de mais qui sèchent, des auvents qui protègent des intempéries, des
façades à colombages : sans rien d'ostentatoire, le village multiplie les détails architecturaux ou ornementaux pour célébrer sa vie d'autrefois
Entre Savoie et Dauphiné, la cité médiévale blottie derrière ses remparts domine la paisible vallée de l'Ain. Dans ses ruelles qui sepentent autour de l'église
fortifiée, les maisons de Pérouges melent avec bonheur les styles gothique et Renaissance.
En 1329, dans un grand élan avant-gardiste, Pérouges accorde aux femmes les memes droits qu'aux hommes. Sa prospérité économique et sa situation privilégiée sur un grand axe marchand du Moyen-Age
ne sont problablement pas étrangères à cette décision exceptionnelle pour l'époque. Preuve que le bien etre économique, la paix et l'ouverture sur le monde ont toujours eu d'heureux effets sur la
tolérance et les libertés.
GRANDEUR ET DECADENCE
Ce sont justement les conflits déclenchés par la convoitise des puissants, qui ont bientot raison de cette expérience révolutionnaire. Tout au long du Moyen-Age, Pérouges constitue un enjeu
statégique pour les Savoyards et les Dauphinois qui ne cessent de se disputer son controle. Cette rivalité finit par se résoudre en 1601 avec la signature du Traité de Lyon qui marque le
rattachement de la petite cité à la couronne de France. Pérouges doit problablement son nom à une colonie gauloise originaire de "Pérugia" en Italie. Facilement défendable grace à son emplacement
au sommet d'une colline, et stratégiquement posté sur une importante route d'échanges commerciaux, le bourg s'est développé dans une relative quiétude, surtout après son annexion par la France et
la pacification de la région. Jusqu'au XIXe siècle, le tissage constitue son activité essentielle et une source abondante de revenus. Mais la Révolution industrielle met un terme à cette lucrative
production artisanale, ce qui entraine le dépeuplement du villageet, faute d'habitants, pour l'entretenir, sa rapide dégradation.