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Par chezmamielucette le 24 Octobre 2012 à 00:00
Soleils couchants
Une aube affaiblie
Verse par les champs
La mélancolie
Des soleils couchants.La mélancolie
Berce de doux chants
Mon coeur qui s'oublie
Aux soleils couchants.Et d'étranges rêves,
Comme des soleils
Couchants, sur les grèves,
Fantômes vermeils,Défilent sans trêves,
Défilent, pareils
A de grands soleils
Couchants sur les grèves.
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Par chezmamielucette le 17 Octobre 2012 à 00:00
La Laitière et le pot au lait
Perrette sur sa tête ayant un Pot au lait
Bien posé sur un coussinet,
Prétendait arriver sans encombre à la ville.
Légère et court vêtue elle allait à grands pas ;
Ayant mis ce jour-là, pour être plus agile,
Cotillon simple, et souliers plats.
Notre laitière ainsi troussée
Comptait déjà dans sa pensée
Tout le prix de son lait, en employait l'argent,
Achetait un cent d'œufs, faisait triple couvée ;
La chose allait à bien par son soin diligent.
Il m'est, disait-elle, facile,
D'élever des poulets autour de ma maison :
Le Renard sera bien habile,
S'il ne m'en laisse assez pour avoir un cochon.
Le porc à s'engraisser coûtera peu de son ;
Il était quand je l'eus de grosseur raisonnable :
J'aurai le revendant de l'argent bel et bon.
Et qui m'empêchera de mettre en notre étable,
Vu le prix dont il est, une vache et son veau,
Que je verrai sauter au milieu du troupeau ?
Perrette là-dessus saute aussi, transportée.
Le lait tombe ; adieu veau, vache, cochon, couvée ;
La dame de ces biens, quittant d'un œil marri
Sa fortune ainsi répandue,
Va s'excuser à son mari
En grand danger d'être battue.
Le récit en farce en fut fait ;
On l'appela le Pot au lait.Jean de la Fontaine
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Par chezmamielucette le 3 Octobre 2012 à 00:00
L'ÉCUREUIL ET LA FEUILLE
Un écureuil, sur la bruyère,
Se lave avec de la lumière.
Une feuille morte descend,
Doucement portée par le vent .
Et le vent balance la feuille
Juste au dessus de l'écureuil;
Le vent attend, pour la poser,
Légèrement sur la bruyère,
Que l'écureuil soit remonté
Sur le chêne de la clairière
Où il aime à se balancer
Comme une feuille de lumière.
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Par chezmamielucette le 26 Septembre 2012 à 00:00
Le pot de terre et le pot de fer
Le Pot de fer proposa
Au Pot de terre un voyage.
Celui-ci s’en excusa,
Disant qu’il ferait que sage
De garder le coin du feu :
Car il lui fallait si peu,
Si peu, que la moindre chose
De son débris serait cause.
Il n’en reviendrait morceau.
Pour vous, dit-il, dont la peau
Est plus dure que la mienne,
Je ne vois rien qui vous tienne.
- Nous vous mettrons à couvert,
Repartit le Pot de fer.
Si quelque matière dure
Vous menace d’aventure,
Entre deux je passerai,
Et du coup vous sauverai.
Cette offre le persuade.
Pot de fer son camarade
Se met droit à ses côtés.
Mes gens s’en vont à trois pieds,
Clopin-clopant comme ils peuvent,
L’un contre l’autre jetés
Au moindre hoquet qu’ils treuvent.
Le Pot de terre en souffre ; il n’eut pas fait cent pas
Que par son compagnon il fut mis en éclats,
Sans qu’il eût lieu de se plaindre.Ne nous associons qu’avecque nos égaux.
Ou bien il nous faudra craindre
Le destin d’un de ces PotsJean de La Fontaine
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Par chezmamielucette le 22 Septembre 2012 à 00:00
Chanson d'automne.
Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure;Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà
Pareil à la
Feuille morte.
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Par chezmamielucette le 19 Septembre 2012 à 00:00
L’Avarice et l’Envie
L’Avarice et l’Envie, à la marche incertaine,
Un jour s’en allaient par la plaine
Chez un méchant ou chez un fou,
Chez vous ou chez quelqu’autre, ou chez moi-même… En somme
Elles allaient je ne sais où,
Comme le héron du bonhomme.
Bien que soeurs, ces monstres hideux
Ne s’aiment pas ; aussi, tout le long de la route,
Sans se parler, ils cheminaient tous deux.
L’Avarice, le dos en voûte,
Examinait ce coffre hasardeux
Pour qui sans cesse elle redoute.
L’Envie aussi l’examinait sans doute.
Comptant tous les écus dans son coffre entassés,
Chemin faisant, dame Avarice
Se répétait pour son supplice :
« Je n’en ai point encore assez ! »
De son côté, l’Envie au regard louche,
Lorgnant cet or, objet de tous ses soins,
Disait, en se tordant la bouche :
« Elle en a trop, car j’en ai moins. »
Chacune, à sa façon, méditait sur ce coffre :
Désir soudain à leurs yeux s’offre,
Désir, ce dieu puissant, qui seul peut exaucer
Tous les souhaits qu’on lui veut adresser.
Désir dit aux deux soeurs : « Mesdames,
» Je suis galant, vous êtes femmes,
» Choisissez donc tout ce qu’il vous plaira,
» Trésors, honneurs, et cætera ;
» Surtout, expliquons-nous sans trouble
» La première qui parlera
» Aura tout ce qu’elle voudra
» La seconde en aura le double. »
Vous jugez dans quel embarras
Ce discours mit nos deux luronnes ;
Avares, envieux, que faire en un tel cas ?
Chacune des deux soeurs en murmura tout bas :
« Que me font, ô Désir ! tes trésors, tes couronnes ?
» Que m’importent ces biens que m’accorde ta loi ?
» Une autre en aura plus que moi ! »
Et chacune, à ce mot funeste,
D’hésiter sans savoir pourquoi.
Le Désir, dieu léger et leste,
Les donne au diable, jure, peste,
Et s’indigne de rester coi.
L’Envie enfin, toujours implacable et cruelle,
Regarde sa soeur en grondant,
Puis, tout à coup, se décidant
« Que l’on m’arrache un oeil, dit-elle. »
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Par chezmamielucette le 12 Septembre 2012 à 00:00
Far-niente
Quand je n’ai rien à faire, et qu’à peine un nuage
Dans les champs bleus du ciel, flocon de laine, nage,
J’aime à m’écouter vivre, et, libre de soucis,
Loin des chemins poudreux, à demeurer assis
Sur un moelleux tapis de fougère et de mousse,
Au bord des bois touffus où la chaleur s’émousse.
Là, pour tuer le temps, j’observe la fourmi
Qui, pensant au retour de l’hiver ennemi,
Pour son grenier dérobe un grain d’orge à la gerbe,
Le puceron qui grimpe et se pende au brin d’herbe,
La chenille traînant ses anneaux veloutés,
La limace baveuse aux sillons argentés,
Et le frais papillon qui de fleurs en fleurs vole.
Ensuite je regarde, amusement frivole,
La lumière brisant dans chacun de mes cils,
Palissade opposée à ses rayons subtils,
Les sept couleurs du prisme, ou le duvet qui flotte
En l’air, comme sur l’onde un vaisseau sans pilote ;
Et lorsque je suis las je me laisse endormir,
Au murmure de l’eau qu’un caillou fait gémir,
Ou j’écoute chanter près de moi la fauvette,
Et là-haut dans l’azur gazouiller l’alouette.Théophile Gautier, Premières Poésies
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Par chezmamielucette le 5 Septembre 2012 à 00:00
Chanson de grand-pèreDansez, les petites filles,
Toutes en rond.
En vous voyant si gentilles,
Les bois riront.Dansez, les petites reines,
Toutes en rond.
Les amoureux sous les frênes
S'embrasseront.Dansez, les petites folles,
Toutes en rond.
Les bouquins dans les écoles
Bougonneront.Dansez, les petites belles,
Toutes en rond.
Les oiseaux avec leurs ailes
Applaudiront.Dansez, les petites fées,
Toutes en rond.
Dansez, de bleuets coiffées,
L'aurore au front.Dansez, les petites femmes,
Toutes en rond.
Les messieurs diront aux dames
Ce qu'ils voudront.
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Par chezmamielucette le 29 Août 2012 à 00:00
Allégorie
Despotique, pesant, incolore, l'Eté,
Comme un roi fainéant présidant un supplice,
S'étire par l'ardeur blanche du ciel complice
Et bâille. L'homme dort loin du travail quitté.L'alouette au matin, lasse, n'a pas chanté,
Pas un nuage, pas un souffle, rien qui plisse
Ou ride cet azur implacablement lisse
Où le silence bout dans l'immobilité.L'âpre engourdissement a gagné les cigales
Et sur leur lit étroit de pierres inégales
Les ruisseaux à moitié taris ne sautent plus.Une rotation incessante de moires
Lumineuses étend ses flux et ses reflux...
Des guêpes, çà et là, volent, jaunes et noires.Paul Marie Verlaine est un poète français, né à Metz le 30 mars 1844 et mort à Paris le 8 janvier 1896.
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Par chezmamielucette le 22 Août 2012 à 00:00
Jeanne endormie.
L'oiseau chante ; je suis au fond des rêveries.
Rose, elle est là qui dort sous les branches fleuries,
Dans son berceau tremblant comme un nid d'alcyon,
Douce, les yeux fermés, sans faire attention
Au glissement de l'ombre et du soleil sur elle.
Elle est toute petite, elle est surnaturelle.
Ô suprême beauté de l'enfant innocent !
Moi je pense, elle rêve ; et sur son front descend
Un entrelacement de visions sereines ;
Des femmes de l'azur qu'on prendrait pour des reines,
Des anges, des lions ayant des airs benins,
De pauvres bons géants protégés par des nains,
Des triomphes de fleurs dans les bois, des trophées
D'arbres célestes, pleins de la lueur des fées,
Un nuage où l'éden apparaît à demi,
Voilà ce qui s'abat sur l'enfant endormi.
Le berceau des enfants est le palais des songes ;
Dieu se met à leur faire un tas de doux mensonges ;
De là leur frais sourire et leur profonde paix.
Plus d'un dira plus tard : Bon Dieu, tu me trompais.Mais le bon Dieu répond dans la profondeur sombre :
- Non. Ton rêve est le ciel. Je t'en ai donné l'ombre.
Mais ce ciel, tu l'auras. Attends l'autre berceau ;
La tombe. -Ainsi je songe. Ô printemps ! Chante, oiseau !
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