• k 20110927 5854

    Soleils couchants

     

    Une aube affaiblie
    Verse par les champs
    La mélancolie
    Des soleils couchants.

     

    La mélancolie
    Berce de doux chants
    Mon coeur qui s'oublie
    Aux soleils couchants.

     

    Et d'étranges rêves,
    Comme des soleils
    Couchants, sur les grèves,
    Fantômes vermeils,

     

    Défilent sans trêves,
    Défilent, pareils
    A de grands soleils
    Couchants sur les grèves.

     

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  • Sans titre 1


    La Laitière et le pot au lait


    Perrette sur sa tête ayant un Pot au lait
    Bien posé sur un coussinet,
    Prétendait arriver sans encombre à la ville.
    Légère et court vêtue elle allait à grands pas ;
    Ayant mis ce jour-là, pour être plus agile,
    Cotillon simple, et souliers plats.
    Notre laitière ainsi troussée
    Comptait déjà dans sa pensée
    Tout le prix de son lait, en employait l'argent,
    Achetait un cent d'œufs, faisait triple couvée ;
    La chose allait à bien par son soin diligent.
    Il m'est, disait-elle, facile,
    D'élever des poulets autour de ma maison :
    Le Renard sera bien habile,
    S'il ne m'en laisse assez pour avoir un cochon.
    Le porc à s'engraisser coûtera peu de son ;
    Il était quand je l'eus de grosseur raisonnable :
    J'aurai le revendant de l'argent bel et bon.
    Et qui m'empêchera de mettre en notre étable,
    Vu le prix dont il est, une vache et son veau,
    Que je verrai sauter au milieu du troupeau ?
    Perrette là-dessus saute aussi, transportée.
    Le lait tombe ; adieu veau, vache, cochon, couvée ;
    La dame de ces biens, quittant d'un œil marri
    Sa fortune ainsi répandue,
    Va s'excuser à son mari
    En grand danger d'être battue.
    Le récit en farce en fut fait ;
    On l'appela le Pot au lait.

     

    Jean de la Fontaine

     

    jean-de-la-fontaine

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  • écureuil et feuille

    L'ÉCUREUIL ET LA FEUILLE

     

    Un écureuil, sur la bruyère,

    Se lave avec de la lumière.

     

    Une feuille morte descend,

    Doucement portée par le vent .

     

    Et le vent balance la feuille

    Juste au dessus de l'écureuil;

     

    Le vent attend, pour la poser,

    Légèrement sur la bruyère,

     

    Que l'écureuil soit remonté

    Sur le chêne de la clairière

     

    Où il aime à se balancer

    Comme une feuille de lumière.

     

    prof83131548569395 gros

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  • pot-terre-pot-fer

     

    Le pot de terre et le pot de fer

     

    Le Pot de fer proposa
    Au Pot de terre un voyage.
    Celui-ci s’en excusa,
    Disant qu’il ferait que sage
    De garder le coin du feu :
    Car il lui fallait si peu,
    Si peu, que la moindre chose
    De son débris serait cause.
    Il n’en reviendrait morceau.
    Pour vous, dit-il, dont la peau
    Est plus dure que la mienne,
    Je ne vois rien qui vous tienne.
    - Nous vous mettrons à couvert,
    Repartit le Pot de fer.
    Si quelque matière dure
    Vous menace d’aventure,
    Entre deux je passerai,
    Et du coup vous sauverai.
    Cette offre le persuade.
    Pot de fer son camarade
    Se met droit à ses côtés.
    Mes gens s’en vont à trois pieds,
    Clopin-clopant comme ils peuvent,
    L’un contre l’autre jetés
    Au moindre hoquet qu’ils treuvent.
    Le Pot de terre en souffre ; il n’eut pas fait cent pas
    Que par son compagnon il fut mis en éclats,
    Sans qu’il eût lieu de se plaindre.

     

    Ne nous associons qu’avecque nos égaux.
    Ou bien il nous faudra craindre
    Le destin d’un de ces Pots

     

    Jean de La Fontaine

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  • paysage automne

    Chanson d'automne.

     

    Les sanglots longs
     Des violons
     De l'automne
     Blessent mon coeur
     D'une langueur
     Monotone.

     

    Tout suffocant
     Et blême, quand
     Sonne l'heure,
     Je me souviens
     Des jours anciens
     Et je pleure;

     

    Et je m'en vais
     Au vent mauvais
     Qui m'emporte
     Deçà, delà
     Pareil à la
     Feuille morte.

     

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  •     Sans titre 1

     

     

     
    L’Avarice et l’Envie

     
    L’Avarice et l’Envie, à la marche incertaine,
     Un jour s’en allaient par la plaine
     Chez un méchant ou chez un fou,
     Chez vous ou chez quelqu’autre, ou chez moi-même… En somme
     Elles allaient je ne sais où,
     Comme le héron du bonhomme.
     Bien que soeurs, ces monstres hideux
     Ne s’aiment pas ; aussi, tout le long de la route,
     Sans se parler, ils cheminaient tous deux.
     L’Avarice, le dos en voûte,
     Examinait ce coffre hasardeux
     Pour qui sans cesse elle redoute.
     L’Envie aussi l’examinait sans doute.
     Comptant tous les écus dans son coffre entassés,
     Chemin faisant, dame Avarice
     Se répétait pour son supplice :
     « Je n’en ai point encore assez ! »
     De son côté, l’Envie au regard louche,
     Lorgnant cet or, objet de tous ses soins,
     Disait, en se tordant la bouche :
     « Elle en a trop, car j’en ai moins. »
     Chacune, à sa façon, méditait sur ce coffre :
     Désir soudain à leurs yeux s’offre,
     Désir, ce dieu puissant, qui seul peut exaucer
     Tous les souhaits qu’on lui veut adresser.
     Désir dit aux deux soeurs : « Mesdames,
     » Je suis galant, vous êtes femmes,
     » Choisissez donc tout ce qu’il vous plaira,
     » Trésors, honneurs, et cætera ;
     » Surtout, expliquons-nous sans trouble
     » La première qui parlera
     » Aura tout ce qu’elle voudra
     » La seconde en aura le double. »
     Vous jugez dans quel embarras
     Ce discours mit nos deux luronnes ;
     Avares, envieux, que faire en un tel cas ?
     Chacune des deux soeurs en murmura tout bas :
     « Que me font, ô Désir ! tes trésors, tes couronnes ?
     » Que m’importent ces biens que m’accorde ta loi ?
     » Une autre en aura plus que moi ! »
     Et chacune, à ce mot funeste,
     D’hésiter sans savoir pourquoi.
     Le Désir, dieu léger et leste,
     Les donne au diable, jure, peste,
     Et s’indigne de rester coi.
     L’Envie enfin, toujours implacable et cruelle,
     Regarde sa soeur en grondant,
     Puis, tout à coup, se décidant
     « Que l’on m’arrache un oeil, dit-elle. »

    victor-hugo

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  • Sans titre 1-copie-1

      Far-niente

     

    Quand je n’ai rien à faire, et qu’à peine un nuage
    Dans les champs bleus du ciel, flocon de laine, nage,
    J’aime à m’écouter vivre, et, libre de soucis,
    Loin des chemins poudreux, à demeurer assis
    Sur un moelleux tapis de fougère et de mousse,
    Au bord des bois touffus où la chaleur s’émousse.
    Là, pour tuer le temps, j’observe la fourmi
    Qui, pensant au retour de l’hiver ennemi,
    Pour son grenier dérobe un grain d’orge à la gerbe,
    Le puceron qui grimpe et se pende au brin d’herbe,
    La chenille traînant ses anneaux veloutés,
    La limace baveuse aux sillons argentés,
    Et le frais papillon qui de fleurs en fleurs vole.
    Ensuite je regarde, amusement frivole,
    La lumière brisant dans chacun de mes cils,
    Palissade opposée à ses rayons subtils,
    Les sept couleurs du prisme, ou le duvet qui flotte
    En l’air, comme sur l’onde un vaisseau sans pilote ;
    Et lorsque je suis las je me laisse endormir,
    Au murmure de l’eau qu’un caillou fait gémir,
    Ou j’écoute chanter près de moi la fauvette,
    Et là-haut dans l’azur gazouiller l’alouette.

     

    Théophile Gautier, Premières Poésies

    1811-1872

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  •     Sans titre 3


    Chanson de grand-père

     

    Dansez, les petites filles,
    Toutes en rond.
    En vous voyant si gentilles,
    Les bois riront.

     

    Dansez, les petites reines,
    Toutes en rond.
    Les amoureux sous les frênes
    S'embrasseront.

     

    Dansez, les petites folles,
    Toutes en rond.
    Les bouquins dans les écoles
    Bougonneront.

     

    Dansez, les petites belles,
    Toutes en rond.
    Les oiseaux avec leurs ailes
    Applaudiront.

     

    Dansez, les petites fées,
    Toutes en rond.
    Dansez, de bleuets coiffées,
    L'aurore au front.

     

    Dansez, les petites femmes,
    Toutes en rond.
    Les messieurs diront aux dames
    Ce qu'ils voudront.

    victor-hugo

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  • qrwu8y

    Allégorie

    Despotique, pesant, incolore, l'Eté,
    Comme un roi fainéant présidant un supplice,
    S'étire par l'ardeur blanche du ciel complice
    Et bâille. L'homme dort loin du travail quitté.

    L'alouette au matin, lasse, n'a pas chanté,
    Pas un nuage, pas un souffle, rien qui plisse
    Ou ride cet azur implacablement lisse
    Où le silence bout dans l'immobilité.

    L'âpre engourdissement a gagné les cigales
    Et sur leur lit étroit de pierres inégales
    Les ruisseaux à moitié taris ne sautent plus.

    Une rotation incessante de moires
    Lumineuses étend ses flux et ses reflux...
    Des guêpes, çà et là, volent, jaunes et noires.

     

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    Paul Marie Verlaine est un poète français, né à Metz le 30 mars 1844 et mort à Paris le 8 janvier 1896.

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  • Sans titre 2

    Jeanne endormie.


    L'oiseau chante ; je suis au fond des rêveries.
    Rose, elle est là qui dort sous les branches fleuries,
    Dans son berceau tremblant comme un nid d'alcyon,
    Douce, les yeux fermés, sans faire attention
    Au glissement de l'ombre et du soleil sur elle.
    Elle est toute petite, elle est surnaturelle.
    Ô suprême beauté de l'enfant innocent !
    Moi je pense, elle rêve ; et sur son front descend
    Un entrelacement de visions sereines ;
    Des femmes de l'azur qu'on prendrait pour des reines,
    Des anges, des lions ayant des airs benins,
    De pauvres bons géants protégés par des nains,
    Des triomphes de fleurs dans les bois, des trophées
    D'arbres célestes, pleins de la lueur des fées,
    Un nuage où l'éden apparaît à demi,
    Voilà ce qui s'abat sur l'enfant endormi.
    Le berceau des enfants est le palais des songes ;
    Dieu se met à leur faire un tas de doux mensonges ;
    De là leur frais sourire et leur profonde paix.
    Plus d'un dira plus tard : Bon Dieu, tu me trompais.

    Mais le bon Dieu répond dans la profondeur sombre :
    - Non. Ton rêve est le ciel. Je t'en ai donné l'ombre.
    Mais ce ciel, tu l'auras. Attends l'autre berceau ;
    La tombe. -

    Ainsi je songe. Ô printemps ! Chante, oiseau !

    011

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