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      LE COQ ET LE RENARD
    Sur la branche d'un arbre était en sentinelle
                Un vieux Coq adroit et matois .
    Frère, dit un Renard adoucissant sa voix,
                Nous ne sommes plus en querelle :
                Paix générale cette fois.
    Je viens te l'annoncer ; descends que je t'embrasse  ;
                Ne me retarde point, de grâce :
    Je dois faire aujourd'hui vingt postes sans manquer
                Les tiens et toi pouvez vaquer,
                Sans nulle crainte à vos affaires  :
                Nous vous y servirons en frères.
                Faites-en les feux dès ce soir.
                Et cependant, viens recevoir
                Le baiser d'amour fraternelle .
    Ami, reprit le Coq, je ne pouvais jamais
    Apprendre une plus douce et meilleure nouvelle
                                    Que celle
                               De cette paix.
                Et ce m'est une double joie
    De la tenir de toi. Je vois deux Lévriers,
                Qui, je m'assure, sont courriers
                Que pour ce sujet on envoie.
    Ils vont vite, et seront dans un moment à nous.
    Je descends : nous pourrons nous entre-baiser tous.
    Adieu, dit le Renard, ma traite est longue à faire,
    Nous nous réjouirons du succès de l'affaire
            Une autre fois.  Le Galand aussitôt
                Tire ses grègues , gagne au haut ,
                Mal content de son stratagème ;
                Et notre vieux Coq en soi-même
                Se mit à rire de sa peur
    Car c'est double plaisir de tromper le trompeur.

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  • photo-camargue.jpg

    La Camargue en octobre

    La Camargue qui rouille et craque sous le vent
    Est nimbée de brouillard ; un grand cercle d’argent
    Qui ressemble au soleil est plaqué sur le ciel
    Où passent des oiseaux fuyant à tire-d’ailes.

    Ils fuient le temps morose et l’hiver qui s’en vient
    Maussade et gadouilleux sur la lagune grise.
    Il fait encor très doux sur l’étang, et la brise
    Chuinte au creux des roseaux sur l’eau couleur d’étain.

    L’ombre de grands taureaux tremblote dans la brume :
    Silhouettes en noir où le soleil allume
    Des reflets argentés. Un cavalier au loin
    Se dilue lentement dans le brouillard marin.

    frise fleurie

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  • LE-BOUC.jpg

    Le Renard et le Bouc

    Capitaine Renard allait de compagnie
    Avec son ami Bouc des plus haut encornés.
    Celui-ci ne voyait pas plus loin que son nez ;
    L'autre était passé maître en fait de tromperie.
    La soif les obligea de descendre en un puits.
    Là chacun d'eux se désaltère.
    Après qu'abondamment tous deux en eurent pris,
    Le Renard dit au Bouc : Que ferons-nous, compère ?
    Ce n'est pas tout de boire, il faut sortir d'ici.
    Lève tes pieds en haut, et tes cornes aussi :
    Mets-les contre le mur. Le long de ton échine
    Je grimperai premièrement ;
    Puis sur tes cornes m'élevant,
    À l'aide de cette machine,
    De ce lieu-ci je sortirai,
    Après quoi je t'en tirerai.
    — Par ma barbe, dit l'autre, il est bon ; et je loue
    Les gens bien sensés comme toi.
    Je n'aurais jamais, quant à moi,
    Trouvé ce secret, je l'avoue.
    Le Renard sort du puits, laisse son compagnon,
    Et vous lui fait un beau sermon
    Pour l'exhorter à patience.
    Si le ciel t'eût, dit-il, donné par excellence
    Autant de jugement que de barbe au menton,
    Tu n'aurais pas, à la légère,
    Descendu dans ce puits. Or, adieu, j'en suis hors.
    Tâche de t'en tirer, et fais tous tes efforts :
    Car pour moi, j'ai certaine affaire
    Qui ne me permet pas d'arrêter en chemin.
    En toute chose il faut considérer la fin.

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    Basile

     

    Solidement campé au milieu du gazon,
    Basile est immobile : il semble un peu morose
    Car depuis ce matin, fleuron parmi les roses
    Les plus fraîches des lieux, un fort joli tendron

    Est soudain apparu chez ses proches voisins.
    Il a d’abord senti son gentil coeur frémir
    Tant la donzelle est belle. Un délicat sourire
    Est posé sur sa bouche, en remontant les coins

    Vers ses yeux de saphir. Elle a des cheveux noirs,
    Le teint clair d’un pétale et des joues vermillon,
    Un nez et un menton admirablement ronds…
    Elle va, elle vient sur une balançoire ;

    Le mistral retroussant son vaporeux jupon
    Découvre des mollets parfaitement galbés
    Recouverts de bas blancs. Il semble fredonner
    Un triste petit air qui parle… de raison !

     « Allons, mon vieux coquin, il te faut être sage ! »
    Lors Basile revient au monde des Humains
    Dont depuis si longtemps il a pris les usages :

     

    frise fleurie

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    Le Loup, la Chèvre et le Chevreau

    La Bique allant remplir sa traînante mamelle
    Et paître l'herbe nouvelle,
    Ferma sa porte au loquet,
    Non sans dire à son Biquet :
    Gardez-vous sur votre vie
    D'ouvrir que l'on ne vous die,
    Pour enseigne et mot du guet :
    Foin du Loup et de sa race !
    Comme elle disait ces mots,
    Le Loup de fortune passe ;
    Il les recueille à propos,
    Et les garde en sa mémoire.
    La Bique, comme on peut croire,
    N'avait pas vu le glouton.

    Dès qu'il la voit partie, il contrefait son ton,
    Et d'une voix papelarde
    Il demande qu'on ouvre, en disant Foin du Loup,
    Et croyant entrer tout d'un coup.
    Le Biquet soupçonneux par la fente regarde.
    Montrez-moi patte blanche, ou je n'ouvrirai point,
    S'écria-t-il d'abord. (Patte blanche est un point
    Chez les Loups, comme on sait, rarement en usage.)
    Celui-ci, fort surpris d'entendre ce langage,
    Comme il était venu s'en retourna chez soi.
    Où serait le Biquet s'il eût ajouté foi
    Au mot du guet, que de fortune
    Notre Loup avait entendu ?
    Deux sûretés valent mieux qu'une,

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  • le-souffle-de-la-mer.jpg

    Le souffle de la mer

    Hululant sa complainte et courbant les cyprès,
    Le mistral accouru de la vallée du Rhône
    En lavant le ciel bleu de ses nuages jaunes
    Assaille fou furieux la Méditerranée.

    Il déchiquète l’eau à grands coups de rafales
    Et en jette l’écume au-delà des rochers
    Luisants et englués d’un magma verglacé.
    Il fonce droit devant, tout comme une cavale

    Jaillie de l’enfer glauque où se terre l’hiver.
    Il érafle les flots de son souffle glacé
    Et givre le pont gris des bateaux amarrés
    En pétrifiant de froid et la terre et la mer.

    C’est un vent déchaîné, comme souvent ici
    Au coeur noir de l’hiver. Un tourbillon énorme,
    Hors de toute raison et hors de toute norme.
    C’est un vent terrifiant ; c’est le vent du Midi !

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    Le savetier et le financier

    Un Savetier chantait du matin jusqu'au soir :
    C'était merveilles de le voir,
    Merveilles de l'ouïr ; il faisait des passages,
    Plus content qu'aucun des sept sages.
    Son voisin au contraire, étant tout cousu d'or,
    Chantait peu, dormait moins encor.
    C'était un homme de finance.
    Si sur le point du jour parfois il sommeillait,
    Le Savetier alors en chantant l'éveillait,
    Et le Financier se plaignait,
    Que les soins de la Providence
    N'eussent pas au marché fait vendre le dormir,
    Comme le manger et le boire.
    En son hôtel il fait venir
    Le chanteur, et lui dit : Or çà, sire Grégoire,
    Que gagnez-vous par an ? - Par an ? Ma foi, Monsieur,
    Dit avec un ton de rieur,
    Le gaillard Savetier, ce n'est point ma manière
    De compter de la sorte ; et je n'entasse guère
    Un jour sur l'autre : il suffit qu'à la fin
    J'attrape le bout de l'année :
    Chaque jour amène son pain.
    - Eh bien que gagnez-vous, dites-moi, par journée ?
    - Tantôt plus, tantôt moins : le mal est que toujours ;
    (Et sans cela nos gains seraient assez honnêtes,)
    Le mal est que dans l'an s'entremêlent des jours
    Qu'il faut chommer ; on nous ruine en Fêtes.
    L'une fait tort à l'autre ; et Monsieur le Curé
    De quelque nouveau Saint charge toujours son prône.
    Le Financier riant de sa naïveté
    Lui dit : Je vous veux mettre aujourd'hui sur le trône.
    Prenez ces cent écus : gardez-les avec soin,
    Pour vous en servir au besoin.
    Le Savetier crut voir tout l'argent que la terre
    Avait depuis plus de cent ans
    Produit pour l'usage des gens.
    Il retourne chez lui : dans sa cave il enserre
    L'argent et sa joie à la fois.
    Plus de chant ; il perdit la voix
    Du moment qu'il gagna ce qui cause nos peines.
    Le sommeil quitta son logis,
    Il eut pour hôtes les soucis,
    Les soupçons, les alarmes vaines.
    Tout le jour il avait l'oeil au guet ; Et la nuit,
    Si quelque chat faisait du bruit,
    Le chat prenait l'argent : A la fin le pauvre homme
    S'en courut chez celui qu'il ne réveillait plus !
    Rendez-moi, lui dit-il, mes chansons et mon somme,
    Et reprenez vos cent écus.

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    Sautes d’humeur


    Chaud lundi, froid mardi, et mercredi pluvieux ;
    Jeudi et vendredi ? Gel sous un ciel tout bleu ;
    Samedi mollasson avec un goût de cendres ;
    Dimanche aussi chagrin qu’un jour gris de novembre :

    Comment donc, cher Printemps, te dire qu’on enrage ?
    Que ces sautes d’humeur ne sont plus de ton âge,
    Qu’il faudrait t’assagir et devenir sérieux ?
    Oublie tes coups de tête et tes tours capricieux

    Pour devenir serein : tu sais l’être souvent !
    Si, des quatre Saisons, c’est toi qui es l’enfant,
    Essaie d’être plus sage et de mieux contenir
    Cette schizophrénie qui semble t’envahir !

    Ne laisse surtout pas un accès de colère
    Te dominer soudain ; car ils sont trop amers,
    Les fruits de ta folie, cause de tant d’outrances :
    Trombes, inondations submergeant la Provence,

    Coups de gel impromptus détruisant les vergers,
    Tempêtes insensées et jardins ravagés !
    O Printemps, trop souvent cul sens dessus-dessous,
    Sache garder raison et ne plus être fou !

    frise fleurie

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    La laitière et le pot au lait .


    Perrette sur sa tête ayant un Pot au lait
    Bien posé sur un coussinet,
    Prétendait arriver sans encombre à la ville.
    Légère et court vêtue elle allait à grands pas ;
    Ayant mis ce jour-là, pour être plus agile,
    Cotillon simple, et souliers plats.
    Notre laitière ainsi troussée
    Comptait déjà dans sa pensée
    Tout le prix de son lait, en employait l'argent,
    Achetait un cent d'oeufs, faisait triple couvée ;
    La chose allait à bien par son soin diligent.
    Il m'est, disait-elle, facile,
    D'élever des poulets autour de ma maison :
    Le Renard sera bien habile,
    S'il ne m'en laisse assez pour avoir un cochon.
    Le porc à s'engraisser coûtera peu de son ;
    Il était quand je l'eus de grosseur raisonnable :
    J'aurai le revendant de l'argent bel et bon.
    Et qui m'empêchera de mettre en notre étable,
    Vu le prix dont il est, une vache et son veau,
    Que je verrai sauter au milieu du troupeau ?
    Perrette là-dessus saute aussi, transportée.
    Le lait tombe ; adieu veau, vache, cochon, couvée ;
    La dame de ces biens, quittant d'un oeil marri
    Sa fortune ainsi répandue,
    Va s'excuser à son mari
    En grand danger d'être battue.
    Le récit en farce en fut fait ;

    On l'appela le Pot au lait.
    Quel esprit ne bat la campagne ?
    Qui ne fait châteaux en Espagne ?
    Picrochole, Pyrrhus, la Laitière, enfin tous,
    Autant les sages que les fous ?
    Chacun songe en veillant, il n'est rien de plus doux :
    Une flatteuse erreur emporte alors nos âmes :
    Tout le bien du monde est à nous,
    Tous les honneurs, toutes les femmes.
    Quand je suis seul, je fais au plus brave un défi ;
    Je m'écarte, je vais détrôner le Sophi ;
    On m'élit roi, mon peuple m'aime ;
    Les diadèmes vont sur ma tête pleuvant :
    Quelque accident fait-il que je rentre en moi-même ;
    Je suis gros Jean comme devant.

    frise fleurie

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    Vapeur

    Le ciel est vaporeux et posé en résille
    Sur l’horizon brumeux aux contours incertains.
    Un léger brouillard bleu en s’égouttant pointille
    L’herbe morte qui plie sur le bord des chemins.

    Il fait juste un peu frais mais l’été est fini.
    Il n’y a plus au loin de lignes bien précises ;
    Tout est informe et mou, insipide, un peu gris,
    Même l’aube qui point semble fort indécise

    A venir se poser sur la ville endormie.
    Le ciel est brumasseux et si près des maisons
    Qu’il pose sur les toits humides de Carry.
    La mer semble étouffée par un voile en coton

    Et fume étrangement, tels ces lointains marais
    S’étendant aux confins inconnus de la Terre.
    Un ciel vraiment bizarre à l’horizon brouillé
    Etouffe le Midi frustré de sa lumière.

    090410015150145983457210[1]

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