Un moment tragique de l'histoire de Paris
Après la reddition de Napoléon III à Sedan, le 2 septembre 1870, les Prussiens parvinrent aux abords de Paris et en firent le siège du 18 septembre 1870 au 28 janvier 1871. Plusieurs tentatives de sortie pour desserrer l’étau allemand se soldèrent par de cuisants échecs. Les Parisiens subirent les rigueurs du siège avec courage, endurant la pénurie alimentaire jusqu’à l’échec des batailles de janvier 1871 après lesquelles, le Gouvernement de la Défense nationale décida de négocier un armistice avec les Allemands.
Cependant, un froid rigoureux sévissait, et l'hiver semblait conspirer avec l'ennemi contre les Parisiens. Pendant tout le mois de décembre la neige couvrit le sol ; le thermomètre descendit à vingt degrés au-dessous de zéro. Rien cependant ne décourageait les assiégés, ni le froid, ni la faim qui devenait maintenant un réel supplice ajouté à toutes les angoisses du siège ; les boulangers ne pouvaient plus livrer à chaque habitant que quelques centaines de grammes d'un pain d'où la farine était complètement absente ; la viande de boucherie faisait défaut : on en fut réduit à manger de la chair de cheval, d'âne, et même des rats, ainsi que de l'éléphant.
Bientôt la nouvelle se répandit que l'ennemi ne se bornerait pas à bombarder les forts et les remparts, mais que ses obus viendraient frapper la ville même, si la résistance se prolongeait. La nouvelle était vraie ; le 9 janvier, quelques obus, lancés des hauteurs de Châtillon, franchirent les fortifications et tombèrent à Montrouge ; le bombardement continua les jours suivants, ou, pour mieux dire, les nuits suivantes, et dura jusqu'au 21 janvier.
Le 28 janvier, Paris dut se résoudre à capituler. Jules Favre fut chargé de négocier les conditions de l’armistice avec le chancelier Bismarck, à Versailles
C’est le cœur brisé de douleur que nous déposons les armes. Ni les souffrances, ni la mort dans le combat n’aurait pu contraindre Paris à ce cruel sacrifice. Il ne cède qu’à la faim. Il s’arrête quand il n’a plus de pain.
Dans cette cruelle situation, le Gouvernement a fait tous ses efforts pour adoucir l’amertume d’un sacrifice imposé par la nécessité. Depuis lundi soir, il négocie. Ce soir a été signé un traité qui garantit à la garde nationale tout entière son organisation et ses armes. L’armée, déclarée prisonnière de guerre, ne quittera point Paris. Les officiers garderont leur épée. Une Assemblée nationale est convoquée. La France est malheureuse, mais elle n’est pas abattue. Elle a fait son devoir ; elle reste maîtresse d’elle-même.













