• Provence d'Antan - Rues et Places de Villages : Les Lavoirs

    A la Belle Epoque, les ménagères d'un même quartier se retrouvent autour du lavoir où les commérages vont bon train. Celui-ci est soit un bâtiment indépendant, soit un aménagement en contrebas d'une fontaine. Il est taillé dans la pierre et les battoirs, parfois décorés de figures de serpents, sont en bois. Dans les bourgs plus étendus, les lavoirs sont en périphérie  de  l'agglomération, aménagés aux quatre points cardinaux. Chaque lavoir est un pôle de regroupement pour les femmes de plusieurs quartiers voisins. Il est le lieu de la sociabilité et du travail féminin par excellence. Les hommes en sont exclus, laissant ainsi toute liberté aux femmes de bavarder sur les sujets plus intimes. Si le travail y est difficile, la tâche semble légère en bonne compagnie. Les lavandières se disputent leur place au bord du lavoir ou pour l'étendage du linge. Il est en effet plus aisé d'étendre le linge propre à proximité du lavoir évitant ainsi le transport pénible du linge mouillé.

    Les lavoirs voient s'affairer des blanchisseuses professionnelles, des mères de famille laborieuses et des domestiques chargées de la lessive de leurs maîtres. Le travail, lui, est le même pour toutes : il faut d'abord savonner au savon de Marseille, brosser puis battre le linge dans une position parfois bien inconfortable. En effet, les lavoirs ne sont pas toujours en hauteur et bien souvent les lavandières restent agenouillées toute la journée.

    Enfin, il leur faut rincer et étendre le linge. Les conditions de travail sont particulièrement difficiles en hiver lorsque l'eau glace les mains, le mistral attisant cette sensation désagréable. Heureusement, les verbiages font oublier l'inconfort et, lorsqu'un mariage, une naissance prochaine ou d'autres événements de la vie sont annoncés, les lavandières en oublient leurs gestes harassants qui deviennent des automatismes

    Toutes les femmes n'ont pas la chance d'avoir un lavoir près de leur foyer. Certaines sont contraintes de se rendre au bord d'un ruisseau ou d'un fleuve pour laver leur linge. La position est alors encore plus inconfortable et le travail épuisant. Il leur faut ensuite rapporter le linge mouillé et lourd à l'aide d'une brouette ou d'un simple panier jusqu'au village. Rudesse du labeur, plaisir de l'échange entre femmes, disputes, bonnes ou mauvaises nouvelles : tout se partage autour des lavoirs qui sont, dans les villages de Provence, les témoins de nombreuses émotions de la vie..

    Texte extrait du livre : "La Provence d'Antan"

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