• "Quand à peine un nuage" poème de Théophile Gautier

    "Quand à peine un nuage" poème de Théophile Gautier

     

    Quand à peine un nuage 

     

    Quand à peine un nuage,
    Flocon de laine, nage
    Dans les champs du ciel bleu,
    Et que la moisson mûre,
    Sans vagues ni murmure,
    Dort sous le ciel en feu ;

    Quand les couleuvres souples
    Se promènent par couples
    Dans les fossés taris ;
    Quand les grenouilles vertes,
    Par les roseaux couvertes,
    Troublent l’air de leurs cris ;

    Aux fentes des murailles
    Quand luisent les écailles
    Et les yeux du lézard,
    Et que les taupes fouillent
    Les prés, où s’agenouillent
    Les grands bœufs à l’écart,

    Qu’il fait bon ne rien faire,
    Libre de toute affaire,
    Libre de tous soucis,
    Et sur la mousse tendre
    Nonchalamment s’étendre,
    Ou demeurer assis ;

    Et suivre l’araignée,
    De lumière baignée,
    Allant au bout d’un fil
    À la branche d’un chêne
    Nouer la double chaîne
    De son réseau subtil,

    Ou le duvet qui flotte,
    Et qu’un souffle ballotte
    Comme un grand ouragan,
    Et la fourmi qui passe
    Dans l’herbe, et se ramasse
    Des vivres pour un an,

    Le papillon frivole,
    Qui de fleurs en fleurs vole
    Tel qu’un page galant,
    Le puceron qui grimpe
    À l’odorant olympe
    D’un brin d’herbe tremblant ;

    Et puis s’écouter vivre,
    Et feuilleter un livre,
    Et rêver au passé
    En évoquant les ombres,
    Ou riantes ou sombres,
    D’un long rêve effacé,

    Et battre la campagne,
    Et bâtir en Espagne
    De magiques châteaux,
    Créer un nouveau monde
    Et jeter à la ronde
    Pittoresques coteaux,

    Vastes amphithéâtres
    De montagnes bleuâtres,
    Mers aux lames d’azur,
    Villes monumentales,
    Splendeurs orientales,
    Ciel éclatant et pur,

    Jaillissantes cascades,
    Lumineuses arcades
    Du palais d’Obéron,
    Gigantesques portiques,
    Colonnades antiques,
    Manoir de vieux baron

    Avec sa châtelaine,
    Qui regarde la plaine
    Du sommet des donjons,
    Avec son nain difforme,
    Son pont-levis énorme,
    Ses fossés pleins de joncs,

    Et sa chapelle grise,
    Dont l’hirondelle frise
    Au printemps les vitraux,
    Ses mille cheminées
    De corbeaux couronnées,
    Et ses larges créneaux,

    Et sur les hallebardes
    Et les dagues des gardes
    Un éclair de soleil,
    Et dans la forêt sombre
    Lévriers eu grand nombre
    Et joyeux appareil,

    Chevaliers, damoiselles,
    Beaux habits, riches selles
    Et fringants palefrois,
    Varlets qui sur la hanche
    Ont un poignard au manche
    Taillé comme une croix !

    Voici le cerf rapide,
    Et la meute intrépide !
    Hallali, hallali !
    Les cors bruyants résonnent,
    Les pieds des chevaux tonnent,
    Et le cerf affaibli

    Sort de l’étang qu’il trouble ;
    L’ardeur des chiens redouble :
    Il chancelle, il s’abat.
    Pauvre cerf ! son corps saigne,
    La sueur à flots baigne
    Son flanc meurtri qui bat ;

    Son œil plein de sang roule
    Une larme, qui coule
    Sans toucher ses vainqueurs ;
    Ses membres froids s’allongent ;
    Et dans son col se plongent
    Les couteaux des piqueurs.

    Et lorsque de ce rêve
    Qui jamais ne s’achève
    Mon esprit est lassé,
    J’écoute de la source
    Arrêtée en sa course
    Gémir le flot glacé,

    Gazouiller la fauvette
    Et chanter l’alouette
    Au milieu d’un ciel pur ;
    Puis je m’endors tranquille
    Sous l’ondoyant asile
    De quelque ombrage obscur.

    Théophile Gautier, Premières Poésies

     

    "Quand à peine un nuage" poème de Théophile Gautier

     

    "Quand à peine un nuage" poème de Théophile Gautier

     

    "Quand à peine un nuage" poème de Théophile Gautier

    « Auch (Gers)Fleurs cultivées : Véronique »
    Yahoo!

  • Commentaires

    8
    Mercredi 17 Août 2022 à 16:31

    Coucou ma chère Lucette

    Oh, un peu de pluie!!! Mais je pensais qu'il allait pleuvoir un peu plus.... Mais non le soleil semble vouloir repointer le bout de son nez!!!! Ce n'est pas grave, c'est toujours ça de pris!!!!

    Bravo pour le choix de ce beau poème

    Belle soirée à toi ma douce en espérant que ce changement de temps ne te fasse pas trop souffrir!

    Gros bisous de tendresse et à demain

    7
    Mercredi 17 Août 2022 à 13:42

    Joli poème

    Gros bisous

    6
    Mercredi 17 Août 2022 à 13:38

    Bonjour Lucette

    Un beau poème que je ne connais pas pourtant une auteur que j'aime bien

    douce journée bisous 

    Marlène

    5
    Mercredi 17 Août 2022 à 12:42
    Une fleur de Paris

    Bonjour Lucette,

    Un beau poème d'un auteur que j'aime beaucoup. 

    Enfin la pluie et des températures beaucoup plus agréables. Bonne journée, grosses bises, Véronique 

    4
    Mercredi 17 Août 2022 à 11:47

    bonjour lucette!!!tres joli poeme!!!chez nous il a plus ce matin et puis plus rien!ma sourcene va pas se remplir comme ça!!et il fait tres lourd!!!bonne journee et gros bisou

    3
    Mercredi 17 Août 2022 à 09:08

    On en voudrait de gros nuages chargés de pluie, mais non, ils passent au loin d'Ajaccio.des journées pénibles en ce moment

    Bon mercredi

    2
    Mercredi 17 Août 2022 à 08:13

    Bonjour Lucette

     Un très beau poème !! 

    Il a enfin plus chez nous cette nuit 

    Le ciel est gris pour l'instant et comme les températures baissent , je vais en profiter pour repasser   lol 

     bisous

    1
    Mercredi 17 Août 2022 à 08:12

    Bonjour, très joli poème, fini le ciel bleu, les nuages sont de retour; très bonne journée, bisous

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :