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Par chezmamielucette le 14 Juillet 2011 à 00:00
L'Amandier Récalcitrant
Tout au fond du jardin il est un amandier
Las et désabusé qui ne veut plus fleurir !
Il est vrai qu’il est vieux, que le moindre soupir
De la brise d’hiver semble le fatiguer.Mais il n’a plus envie de se donner du mal
A recréer des fleurs ! L’air est trop pollué,
L’atmosphère alentour lui paraît trop viciée
Et le ciel de Provence est de plus en plus sale.L’amandier tout tordu a vraiment le cafard.
Peut-être a-t-il besoin d’un bon litre d’engrais
Ou de quelques baisers sur son vieux tronc rapé ?
On a besoin de lui, et il n’est pas trop tardPour le voir s’éveiller en sa belle livrée !
Le soleil s’y est mis : bombardant à foison
Notre récalcitrant de millions de rayons,
Il l’a encouragé et l’a réconforté.Deux autres articles vous attendent......
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Par chezmamielucette le 13 Juillet 2011 à 00:00
LA GRENOUILLE QUI VEUT SE FAIRE AUSSI GROSSE QUE LE BOEUF
Une Grenouille vit un Boeuf
Qui lui sembla de belle taille.Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un oeuf,
Envieuse, s'étend, et s'enfle, et se travaille,
Pour égaler l'animal en grosseur,
Disant : "Regardez bien, ma soeur ; Est-ce assez ? dites-moi ; n'y suis-je point encore ?- Nenni. - M'y voici donc ?
- Point du tout. - M'y voilà ?
- Vous n'en approchez point. "La chétive pécore
S'enfla si bien qu'elle creva.Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
Tout petit prince a des ambassadeurs,
Tout marquis veut avoir des pages.
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Par chezmamielucette le 11 Juillet 2011 à 00:00
Prière à Saint-Tropez
Pauvre, pauvre Saint Trop’ assis sur un tas d’or,
Devenu snobinard et même si mythique
Que tu es étranger à ce trop joli port
Envahi de maisons qui empestent le fric.Où est le temps heureux de ces jours insouciants
Où tu vivais gaiement au bord de l’eau nacrée
Dodelinant en creux le long des quais, gluants
De la tripaille bleue des poissons frais pêchés ?Car tu es à la mode et ne peux plus qu’en rire.
Ta vie simple d’alors n’est plus que souvenirs
Il te faut supporter tout ce bruit, cette rageDe vivre bien trop vite et en trop peu de temps.
Mais qu’est donc devenu le si charmant village
Qui semblait ignorer alors le mot « argent » ?
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Par chezmamielucette le 10 Juillet 2011 à 00:00
La Girolle
On l’appelle aussi chanterelle
Car elle chante au fond des bois
Quand le mois de mai nous appelle
A l’aller cueillir chaque foisQue l’eau nous en vient à la bouche.
Prenons un grand panier, ma chère,
Et cherchons bien au pied des souches
La belle en son rond de sorcières.Elle a mis son grand chapeau jaune
Entonnoir convexe, odorant,
Ocré comme feuille d’automne
Bien que nous soyons au printemps.Allons en faire une omelette
Avec des oeufs tout frais pondus.
Un peu de thym, de ciboulette …
Champignon-roi tant attendu !
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Par chezmamielucette le 9 Juillet 2011 à 00:00
La ruelle
Au fin-fond de Marseille il est une ruelle
Etrangement tranquille et qui semble assoupie.
C’est plutôt le week-end que l’étroite venelle
Dort tout benoîtement une heure après midi.Elle est tout engluée dans sa douce torpeur.
Une fontaine y pleut une plainte mouillée,
Mais nul n’en entend plus le glouglou chuchoteur
Car on dort trop profond derrière les volets.Les murs sont écaillés et croulent sous les fleurs
Débordant de gros pots au vernis fissuré.
Un vélo oublié veut croire en un voleur,
Mais nul ne le prendra, il est bien trop rouillé.Et bien que tout ici s’ébrèche de partout,
Des pavés aux trottoirs, des gouttières aux pierres,
On y a l’air heureux, l’on a même le goût
D’y vivre pleinement sous l’intense lumière.
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Par chezmamielucette le 8 Juillet 2011 à 00:00
LA BESACE
Jupiter dit un jour: «Que tout ce qui respire
S'en vienne comparaître aux pieds de ma grandeur:
Si dans son composé quelqu'un trouve à redire,
Il peut le déclarer sans peur;
Je mettrai remède à la chose.
Venez, singe; parlez le premier, et pour cause.
Voyez ces animaux, faites comparaison
De leurs beautés avec les vôtres.
Etes-vous satisfait? - Moi? dit-il; pourquoi non?
N'ai-je pas quatre pieds aussi bien que les autres?
Mon portrait jusqu'ici ne m'a rien reproché;
Mais pour mon frère l'ours, on ne l'a qu'ébauché:
Jamais, s'il me veut croire, il ne se fera peindre."
L'ours venant là-dessus, on crut qu'il s'allait plaindre.
Tant s'en faut: de sa forme il se loua très fort;
Glosa sur l'éléphant, dit qu'on pourrait encor
Ajouter à sa queue, ôter à ses oreilles;
Que c'était une masse informe et sans beauté.
L'éléphant étant écouté,
Tout sage qu'il était, dit des choses pareilles:Il jugea qu'à son appétit
Dame baleine était trop grosse.
Dame fourmi trouva le ciron trop petit,
Se croyant, pour elle, un colosse.
Jupin les renvoya s'étant censurés tous,
Du reste contents d'eux.
Mais parmi les plus fous
Notre espèce excella; car tout ce que nous sommes,
Lynx envers nos pareils, et taupes envers nous,
Nous nous pardonnons tout, et rien aux autres hommes:
On se voit d'un autre oeil qu'on ne voit son prochain.
Le fabricateur souverain
Nous créa besaciers tous de même manière,
Tant ceux du temps passé que du temps d'aujourd'hui:
Il fit pour nos défauts la poche de derrière,
Et celle de devant pour les défauts d'autrui.
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Par chezmamielucette le 7 Juillet 2011 à 00:00
Là-haut dans les alpages le temps redevient
Un vrai temps du bon Dieu. L’air est bien moins glacé,
Et l’on respire mieux ; l’on se sent presque bien
Sur les pentes lustrées beaucoup moins verglacées.Puis c’est un vrai bonheur car voici qu’apparaissent,
Trouant la neige ultime, de jolis pétales
Pointus et violacés*. Lentement ils redressent
Leur lance minuscule. Le gel leur est égalCar s’ils sont les premiers messagers du printemps,
Un froid un peu cinglant vraiment les indiffère.
Ils sont striés de mauve, avec un coeur safran ;
Peut-être les dernières larmes de l’hiver ?
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Par chezmamielucette le 6 Juillet 2011 à 00:00
Un sentier en montagne
C’est un joli sentier qui zigzague en flânant
Du Sauze au Super-Sauze. Une sente plutôt,
Que seuls connaissent bien les derniers habitants
Accrochés au Massif par le coeur et les os !Dès l’aube du printemps, il sent tellement bon
Qu’on a le nez qui frise en respirant l’odeur
Aigrelette et boisée de la végétation
Qui vient juste d’éclore. Des myriades de fleursEn tapissent les bords pour quelques jours à peine.
Il grimpe allègrement, et c’est un raidillon
A emballer le coeur et faire perdre haleine
Si l’on marche trop vite en quittant le vallon.Il passe par ici dans un bois de mélèzes
Où l’on a soudain froid tant l’ombre est absolue ;
Et là c’est un pré vert où paissent quelques chèvres ;
Puis l’espiègle chemin saute au-dessus d’un ru ;
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Par chezmamielucette le 5 Juillet 2011 à 00:00
La Cigale, ayant chanté
Tout l’Été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la Bise fut venue.
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la Fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu’à la saison nouvelle.
« Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l’Août, foi d’animal,
Intérêt et principal. »
La Fourmi n’est pas prêteuse :
C’est là son moindre défaut.
« Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse.
— Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.— Vous chantiez ? j’en suis fort aise :
Eh bien ! dansez maintenant. »Jean de la Fontaine
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Par chezmamielucette le 4 Juillet 2011 à 00:00
Assise sur un nénuphare
Assise sur un nénuphar,
Plus verte que feuille de printemps,
Elle chante à la lune bleue,
Et son chant craquète et sautille
D’étang d’argent en mare d’or.Son immense bouche est un piège
Pour les insectes de l’été.
Ses yeux sont deux globes dorés,
Ses pattes pliées sont si longues
Qu’on les croirait doubles ou triples
Sous son ventre rond d’émeraude.L’eau de l’étang qui friselise
Lèche ses doigts palmés et verts.
Elle chante à la lune bleue,
Et son chant craquète et sautille
D’étang d’argent en mare d’or.
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